Où va l’IA, et surtout, où voulons-nous l’amener ? Deux ans après l’irruption fracassante de ChatGPT, l’euphorie se heurte à un mur de réalité : l’intelligence artificielle générative transforme déjà nos usages et pose des défis d’une ampleur inédite aux entreprises comme aux Etats, partout dans le monde. Pour la France et l’Europe, qui cherchent leur place face au rouleau-compresseur américain, la course à l’IA prend l’allure à la fois un sprint -les verrous technologiques sautent les uns après les autres- et d’une course de fond pour conquérir et conserver des positions dans un marché en pleine structuration, que l’on prédit immense.

Pour y voir plus clair, La Tribune réunit le 15 novembre dans la cité phocéenne les meilleurs acteurs et experts mondiaux de l’intelligence artificielle, pour la 2e édition du sommet Artificial Intelligence Marseille (AIM). Une journée pour tout comprendre des enjeux économiques, politiques, culturels et sociétaux autour de l’IA générative, et éclairer les citoyens, les entreprises de toutes tailles et les décideurs, sur l’IA d’aujourd’hui et de demain.

Sylvain Rolland – Rédacteur en chef ADJ

ChatGPT permet à des (quasi) non-initiés de réaliser des tâches de spécialistes, notamment en code informatique, conclut une étude du BCG menée avec des universitaires. Les capacités gagnées ne sont toutefois que temporaires : l’IA générative est une béquille qui ne fait acquérir aucune compétence profonde. Elle pourrait tout de même chambouler l’organisation des équipes et le déroulement des carrières.

GRAND ANGLE. Aleph Alpha était, avec le français Mistral AI, l’un des deux grands espoirs permettant de voir émerger un « OpenAI européen » de l’IA générative, capable de rivaliser avec les géants américains. Acculée par un manque d’accès au financement et une gestion interne chaotique, la start-up a déjà dû, à peine un an après son départ en grande pompe, renoncer à ses ambitions.

ENTRETIEN. Il y a trente ans, Mozilla luttait pour empêcher Microsoft d’imposer son navigateur comme unique porte d’entrée du Web. Aujourd’hui, la fondation renouvelle son engagement, cette fois-ci dans le domaine de l’intelligence artificielle. Linda Griffin, vice-présidente des politiques globales de Mozilla Corporation, explique que l’objectif est d’éviter que l’IA ne soit dominée par la vision des Big Tech, et sur leur course effrénée aux plus gros modèles, qui, selon elle, va à l’encontre de l’intérêt collectif.